L'intelligence artificielle et la Santé, exemple de la mise en place d'un chatbot chez Sanofi

Dans son article “Computing Machinery and Intelligence” en 1950, Alan TURING évoque pour la première fois la définition de la conscience de la machine. Avant d’entrer dans le cœur du sujet, voici quelques exemples d’IA que l’on utilise tous au quotidien : l’assistant vocal Siri de la société Apple ou encore le « Google Assistant » de Google, les publicités ciblées, ainsi que l’autocorrection et la prédiction des mots sur smartphone. Ce sont des applications qui facilitent notre vie.

L’IA est en train d’envahir un grand nombre de domaines d’application, et trouve également une place en santé. Par exemple, en oncologie, un robot a été développé avec le programme informatique IBM Watson. Il est capable de définir avec précision la nature d'un cancer et de proposer les traitements les plus ajustés aux patients.

Malgré les solutions existantes d’IA dans le domaine de la santé, son expansion avance à petits pas en France. Les autorités de santé françaises restent en effet méfiantes quant à l’usage de nouvelles solutions digitales. Ces dernières engendrent la mise en place de lourds processus réglementaires pour la validation et la qualification de toute forme de système informatisé. Ces réglementations limitent le développement de la digitalisation du secteur de la santé en France, en comparaison avec d’autres pays où cette démarche est facilitée.

Malgré les exigences des réglementations de santé, la volonté d’améliorer le système de santé français, la prise en charge des patients et de faciliter le travail des professionnels de santé reste présente. Dans le cadre de la réduction des risques liés à la prise médicamenteuse, dite à prescription restreinte, Sanofi, leader de la santé en France, a lancé en 2020 son chatbot médical.

Qu’est-ce qu’un chatbot ?

Un chatbot est un agent conversationnel capable de comprendre et de répondre en langage naturel. Il a été développé en utilisant l’intelligence artificielle NLP (Natural Language Programming). Cette technologie permet ainsi à l’utilisateur de converser avec le chatbot en formulant des questions naturelles.

A destination des professionnels de santé, le chatbot de Sanofi se positionne comme un canal d’informations supplémentaire, qui s’ajoute aux différents moyens d’information déjà existants sur les produits Sanofi. 

Ce chatbot répond-il à un besoin ?

Il a été créé pour mettre en place un outil capable de répondre aux questionnements des professionnels de santé autour du valproate de sodium, un médicament antiépileptique.

Les médicaments contenant du valproate de sodium font l’objet d’une surveillance supplémentaire due aux effets indésirables graves de ce produit. Par exemple, les malformations et troubles du développement (intellectuel, comportemental...) chez le nouveau-né d’une mère traitée par ce médicament antiépileptique.

En effet, tout effet indésirable suspecté d’être dû à ce médicament doit être déclaré auprès du Centre Régional de Pharmacovigilance ou sur le site de déclaration des effets indésirables des médicaments.

Disponible 24/7 sur le site Vidal, sur les pages dédiées à des produits pharmaceutiques commercialisées par Sanofi, ce chatbot permet aux professionnels de santé d’aider les patients à réduire les mauvais usages du médicament et limiter les risques liés à la prise de ce produit tout en insistant sur les précautions d’utilisation chez les filles et les femmes atteintes d’épilepsie en âge de procréer ou enceintes

Comment paramétrer un chatbot ?

Pour le paramétrer, il faut définir ses bases de questions et réponses.

Base de données “questions”

Appelée « intentions » dans le domaine, elle se construit à partir d’un état des lieux des différentes questions que l’utilisateur final est susceptible de poser.

Pour son chatbot, Sanofi a co-construit les questions avec des médecins.

Base de données “réponses” 

Généralement, en santé, la base de données des réponses provient d’un existant. Par exemple, des documents validés par les autorités de santé. Dans le cas du chatbot de Sanofi, afin d’éviter la circulation d’informations erronées ou inexactes pouvant nuire aux patients et affecter les connaissances du médecin, les réponses apportées sont conformes aux :

• Résumé des Caractéristiques du Produit,
• Documents officiels de mesures de réduction du risque en vigueur,
• Programme de prévention des grossesses en lien avec les spécialités à base de valproate de sodium.

La base de données a également été construite à l’aide d’informations validées par les équipes des départements réglementaire, médical, légal et pharmacovigilance de Sanofi.

Limitation des chatbots en santé

Ce chatbot est le premier conçu par Sanofi. Malgré ce développement utilisant l’IA, la fonction d’apprentissage automatique a été désactivée. Cette limitation a été mise en place volontairement pour éviter que le chatbot apprenne par lui-même à reformuler des réponses et ainsi de donner aux professionnels de santé de mauvaises informations concernant le valproate de sodium.

Cet outil développé par Sanofi est certes un outil basique dans le monde de l’intelligence artificielle, mais reste un projet prometteur compte tenu des exigences réglementaires françaises et européennes. Cette innovation permet aujourd’hui aux médecins de s’informer sur le valproate de sodium, mais nous pouvons imaginer que Sanofi ne s’arrêtera pas là et proposera par la suite d’autres médicaments.

L’intelligence artificielle dans le secteur de la santé ouvre aujourd’hui le débat sur la prise de décision médicale par une machine, les risques sur le patient et l’affectation de la décision du médecin. 

Pour certains, l’intelligence artificielle ou les robots sont des facilitateurs de la vie quotidienne ; pour d’autres, c’est une vraie menace et un futur remplaçant de l’Homme. Et vous, que pensez-vous des technologies basées sur l'intelligence artificielle appliquées en santé ?