Le cloud computing, levier de la transformation digitale en assurance
De plus en plus d’entreprises intègrent le « cloud computing » à leur stratégie des systèmes d’information (SI). Ainsi, le marché du cloud européen a plus que triplé entre 2017 et fin 2020 pour atteindre 5,9 milliards d’euros. L’industrie de l’assurance a elle aussi su voir les avantages que le cloud computing a à offrir.
Y voir plus clair dans le cloud
Le cloud computing désigne l’accès, à la demande et via la connexion à un réseau, à des ressources informatiques. On compte trois principaux types de services :
- Software as a Service (SaaS) : le client à accès, via une interface, aux applications du fournisseur, hébergées sur une infrastructure cloud. Le client ne gère pas le paramétrage de l’infrastructure tel que les serveurs, le stockage, le système d’exploitation etc.
- Platform as a Service(PaaS) : le client a la possibilité de créer et déployer lui-même des applications sur l’infrastructure cloud, à l’aide des outils mis à dispositions par le fournisseur : librairies, langages etc. Si les serveurs, les systèmes d’exploitation ou le stockage ne sont pas paramétrés par le client, ce dernier a néanmoins la possibilité de configurer les applications déployées.
- Infrastructure as a Service(IaaS) : le client a accès à des ressources informatiques fondamentales telles que des serveurs, des machines virtuelles ou encore des espaces de stockage de données. Le client peut y déployer et y gérer ses applications et systèmes d’exploitations.
On distingue ensuite plusieurs types d’environnement cloud :
- Le cloud public : il est géré par une organisation qui l’ouvre aux consommateurs extérieurs. Les principaux fournisseurs de cloud publics sur le marché européen sont Microsoft Azure, Google Cloud, Amazon Web Services (AWS).
- Le cloud privé : il est géré et utilisé par une seule organisation qui dispose d’un accès exclusif.
- Le cloud hybride : c’est une combinaison de plusieurs types d’environnements cloud qui sont liés ensembles par une technologie qui permet la portabilité des données et des applications entre ces environnements.
Réussir à valoriser la donnée
Poussée par la demande, le marché tend vers une hyperspécialisation des offres d’assurance. Cela passe notamment par la collecte et l’exploitation de nombreuses données personnelles. L’assureur doit désormais connaître les spécificités de son client (processus de Know Your Customer) et y adapter son offre d’assurance. Le cloud permet de répondre aux différents enjeux que cela implique. Tout d’abord, il permet un stockage de la donnée plus aisé et moins coûteux. En s’appuyant sur les ressources du cloud, l’assureur évite d’investir dans des infrastructures de stockage sur site et de supporter directement leur coût de maintenance.
Ensuite, le cloud computing permet de traiter les données collectées via des technologies nécessitant de puissantes capacités de calcul. En effet, l’un des défis du volume massif de donnée, le « Big Data », est de valoriser et exploiter ces données. Les technologies comme le machine-learning sont des ressources essentielles pour réussir ce défi. Or, d’une part, ces technologies sont coûteuses à développer et à maintenir. D’autre part leur utilisation est gourmande en ressources.
En s’appuyant sur le cloud computing, l’assureur n’a plus à supporter directement les coûts de développement ni de l’utilisation de ces technologies. Aussi, il est assuré d’une mise à jour continue de ces dernières et de disposer ainsi d’un service optimal dans un environnement technologique en perpétuel mutation. Concrètement, le traitement des données clients de manière quasi-immédiate permet par exemple à l’assureur de s’adapter en temps réel aux sollicitations clients : proposer des garanties personnalisées, assister l’assuré dans ses démarches ou même prédire le coût éventuel d’un contrat de manière plus fine. Ainsi, c’est l’ensemble des métiers de l’assureur qui se voient impactés : marketing et distribution, conseil, actuariat...
Les clients sont également demandeurs de davantage de solutions digitalisées. C’est notamment en répondant à cette demande que certaines Insuterchs ont réussi à s’imposer sur le marché et à bouleverser les modes de consommations de l’assurance.
La digitalisation des processus, de l’expérience client comme de celle des collaborateurs, peut- elle aussi profiter du cloud computing. En effet, ce dernier permet de développer et de lancer plus rapidement des solutions digitales (fonctionnalités sur l’application client, outil collaborateur etc). On parle alors de réduction du time-to-market, le but étant d’être au plus proche des besoins exprimés à un moment t. Le cloud computing permet d’autre part de garantir un niveau de service équivalent, quel que soit l’endroit où le moment où ce service est sollicité. La situation sanitaire de 2020 a souligné cet impératif : avec le développement du télétravail pour les collaborateurs et celui des démarches en lignes pour les assurés. Ainsi, le cloud computing peut également s’intégrer dans une logique d’amélioration de la relation client. Que cela soit en assistant le conseiller via des outils digitaux innovants (on parle de « conseiller augmenté ») ou en donnant davantage d’autonomie à l’assuré dans ses démarches. Le cloud computing est donc un outil vers le développement d’une relation client « phygitale » : relation qui mêle les modes d’interactions physique et digital afin de tirer les avantages de chacun d’eux.
Sécuriser la donnée
La sécurité des données est un défi majeur pour les assureurs. Ils sont en effet amenés à manipuler des données personnelles sensibles : données de santé, de situation financière, de géolocalisation via les traceurs GPS intégrés aux véhicules...
Le cloud computing présente des avantages pour les assureurs en matière de sécurité des données. En effet, de multiples dispositifs sont proposés par les fournisseurs de service cloud afin d’assurer la confidentialité et la protection des données : chiffrement, micro-segmentation, sécurisation physique des data centers etc. L’investissement dans de telles technologies et infrastructures est ainsi à nouveau réduit pour les assureurs. D’autre part, la réglementation qui s’impose aux assureurs en matière de gouvernance et de qualité des données s’est renforcée ces dernières années. Solvabilité II et le RGPD s’inscrivent par exemple dans cette tendance. L’Autorité de Contrôle Prudentielle et de résolution (ACPR) a d’ailleurs publié récemment une notice à destination des entreprises d’assurance ou de réassurance relevant du régime Solvabilité II indiquant notamment : « La gouvernance, les systèmes et les processus des entreprises concernant leurs risques en matière de Technologies de l’information et de la communication (TIC) et de sécurité devraient faire l’objet d’un audit périodique […] de façon à fournir […] une garantie de leur efficacité. »
Le cloud computing permettrait aux assureurs d’une part de se protéger plus efficacement des cyber-attaques mais aussi de disposer d’une meilleure auditabilité de leur système de gestion et de protection des données.
Vers le développement de nouveaux modèles : « Insurance-Product-as-a-Service » et « Insurance-as-a-Plateform »
Le cloud computing, allié aux technologies d’interfaçage de programmation (API), ont facilité l’émergence de nouveaux modèles de distribution et de consommation de l’assurance.
L’Insurance-Product-as-a-Plateform (IPaas) et l’Insurance-as-a-Plateforme (IaaP) en sont deux exemples marquants.
L’IPaas consiste pour les assureurs à proposer des produits et services d’assurance à des tiers qui peuvent les intégrer à leur propre catalogue de distribution. Wakam, anciennement La Parisienne Assurance, a choisi de mettre ce modèle au cœur de sa stratégie. Elle met à disposition de ses partenaires un ensemble de produits et service que ses partenaires digitaux sont en mesure de paramétrer et de distribuer avec leur propre marque. Cela lui permet de toucher un nombre supérieur de clients et de répondre à la demande d’hyperpersonnalisation et de digitalisation des offres.
D’un autre côté, l’IaaP consiste à proposer, sur une même plateforme, un ensemble de produits et services dont l’assureur est, ou non, le fournisseur. L’assureur s’inscrit en facilitateur permettant la rencontre entre l’offre et la demande. C’est la stratégie qu’a adopté Ping An, entreprise chinoise et leader mondial de l’assurance. L’assureur, qui a migré vers le cloud en 2013, propose désormais sur sa plateforme de nombreux produits et services dans des domaines divers tels que l’habitation, l’automobile ou encore la santé. L’un des leviers majeurs qui permet à un assureur de s’inscrire en opérateur de plateforme est l’accès à de nombreuses données clients et leur valorisation via les technologies adéquates.
Le cloud computing est l’un des piliers de la transformation digitale dans le monde de l’assurance. Il permet de valoriser la donnée client et de donner tout son sens aux processus de KYC. L’assureur peut ainsi s’appuyer à moindre coût sur des technologies telles que l’intelligence artificielle et s’adapter en temps réel aux besoins de ses clients et collaborateurs. Il en va de même pour la sécurisation des données dans laquelle l’assureur peut limiter ses investissements et profiter de dispositifs constamment à la page. La mise en conformité réglementaire et l’auditabilité des systèmes est elle aussi facilitée. Enfin, le cloud computing favorise l’émergence de nouveaux modèles de distribution et de consommation de l’assurance, où le client est de plus en plus autonome et demandeur d’offres personnalisées. Ainsi, le cloud computing s’inscrit comme un levier majeur du tournant digital pris par l’industrie de l’assurance.
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Les consommateurs sont aujourd’hui en attente d’offres sur-mesure. Dans ce contexte, les données vont devenir un enjeu central de différenciation, permettant de personnaliser des prestations qui s’aligneront sur les comportements réels des assurés. mc2i accompagne les acteurs du secteur sur leurs problématiques numériques comme la digitalisation des parcours utilisateurs, la mise en place de plateformes data ou l’intelligence artificielle.