5G : un accès internet de qualité pour tous ?
Alors qu’Elon Musk s’apprête à commercialiser un Internet haut débit par satellite d’ici fin 2021, qui couvrirait tout le territoire, la France continue de mettre tout en œuvre pour répondre à l’ensemble des promesses relatives à la 5G et commercialise d’ores et déjà cette technologie qui permet un accès internet généralisé, mille fois plus rapides que la 4G.
Au cœur de l’actualité en France, il est intéressant de comprendre les impacts d’une telle innovation technologique sur certaines zones rurales qui n’ont pas encore accès à Internet.
Depuis toujours, la téléphonie utilise des ondes hertziennes réparties sur un spectre électromagnétique. Pour pouvoir répondre à différents usages, celui-ci est délimité en plusieurs bandes de fréquences bien précises auxquelles sont associées des « bandes passantes ».
Une de ces bandes est utilisée par la 5G et constitue la « bande cœur » de 3,5 Gigahertz (GHz). Plus large que celles utilisées pour les précédentes générations, elle permet d’éviter la saturation de la bande causée par un usage croissant d’Internet.
En décembre 2019, Bouygues Télécom, Orange, SFR et Free candidatent auprès de l’Autorité de Régulation des Communications Électroniques et des Postes (ARCEP), pour avoir le droit d’utiliser les fréquences de la « bande cœur » afin d’enrichir leur offre de téléphonie. Après délibération, des licences d’exploitation leur sont attribuées pour une commercialisation dès 2020.
L’une des conditions d’obtention de cette licence est de permettre d’offrir un accès internet et de combler les zones blanches ou grises (zones géographiques peu ou pas couvertes par une offre internet haut débit). Souvent, les moins peuplées, ces zones ne sont pas rentables pour les opérateurs qui préfèrent soit ne pas investir dans les équipements nécessaires pour assurer une couverture, soit se partager le réseau entre eux, diminuant le débit des connexions. Une situation précaire qui entraîne une fracture numérique d’un point de vue territorial mais aussi social.
D’autant plus que l’accélération de la transformation numérique des entreprises et du service public rend de plus en plus indispensable l’accès à Internet et à un réseau de qualité.
Alors que la France arrive 4ème sur 85 derrière le Danemark, la Suède et le Canada dans une étude récente basée sur la qualité du bien-être numérique (dont l’accessibilité, la qualité, la cyber sécurité du réseau, les tarifs, etc.), un rapport de 2019 de UFC – Que choisir rapportait qu’au moins 6,8 millions de personnes étaient privées d’un accès à internet et que 12,8 millions n’avaient pas accès au haut débit soit quasiment 20% de la population française.
Malgré les prix compétitifs de ses abonnements qui figurent parmi les moins chers au monde, la France souffre d’un accès internet mal réparti et d’une stabilité du réseau inégale.
Avec l’arrivée de la 5G, certains redoutent que les grandes villes prennent de l’avance et que le fossé continue de croître, malgré le critère imposé de couvrir les zones rurales.
En effet, pour permettre une couverture équivalente à la 5G, il faudrait construire 3 fois plus de sites relais que pour la 4G, ce que les opérateurs ne peuvent pas se permettre d’un point de vue financier. Ils vont donc privilégier le déploiement des grandes villes là où les antennes 4G existent déjà.
La 5G ne va donc pas étendre la couverture du réseau pour alimenter les zones sans accès, mais va améliorer la performance des zones déjà actives. Pour pallier ce manque, un accord appelé « New Deal Mobile » existe depuis 2018 pour généraliser la 4G sur l’ensemble du territoire en construisant de nouvelles antennes. Au déploiement de la 5G, l’obligation de déployer en parallèle la 4G + dans les campagnes permet de délivrer une expérience similaire en termes de qualité et de débit.
En conclusion, cette alternative peut donner l’illusion d’une réconciliation numérique pour l’usage personnel, mais il est intéressant de se demander si cette façon de faire n’est pas la répétition d’un schéma, empêchant certains territoires de se dynamiser économiquement ?
Iris Chapuis
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