La réindustrialisation, une opportunité pour l'industrie du futur

A l’approche des élections présidentielles, un sujet revient très souvent dans les débats : la réindustrialisation de la France. Et si l’industrie du futur permettait de faciliter ce processus ?
Selon le Larousse, le verbe réindustrialiser “permet de désigner des politiques économiques mises en place au niveau local, régional ou national, pour installer des sociétés industrielles et dynamiser la zone, notamment en termes d'emplois.” A noter, si la relocalisation consiste à rapatrier les activités industrielles délocalisées par le passé, la réindustrialisation, elle, dépasse ce concept et englobe toutes les politiques visant à installer des activités industrielles, dont la relocalisation.
En 2021, la France a battu un record : celui du déficit commercial. En effet, la différence entre les exportations et les importations en France est estimée à plus de 87 milliards d’euros.
De tout bord politique on aborde ce sujet. Le gouvernement actuel, sous l’impulsion de Bruno Le Maire, s’est déjà confronté à cette problématique. Mais les propositions des candidats vont toutes aussi dans le sens d’une réindustrialisation en France. M. Mélenchon propose par exemple de relocaliser les industries essentielles, Mme Pécresse et M. Zemmour proposent de baisser les impôts de production, Mme le Pen veut instaurer un patriotisme économique et M. Jadot va également dans ce sens via des commandes publiques et un protectionnisme écologique européen.
Industrie 4.0 ou Industrie du futur ?
Souvent confondus mais bien différent, le terme “industrie du futur” quant à lui est un terme français. Il désigne la vision française de l’industrie de demain, en se basant sur la vision allemande (l’industrie 4.0) avec une dimension stratégique, sociale et environnementale.
L’industrie du futur se repose sur 5 piliers majeurs :
- Le développement de l’offre technologique (IA, data, IOT, etc)
- Un accompagnement personnalisé et financier (Plan France Relance)
- La formation des salariés
- La coopération européenne et mondiale
- La promotion de l’industrie du futur en France et à l’international
- Voyons ensemble si la réindustrialisation peut constituer une opportunité pour l’industrie du futur.
Prenons l’exemple des Etats-Unis, avec la politique protectionniste de Donald Trump qui promettait de réindustrialiser les états du Midwest pour créer de l’emploi et renforcer l’économie américaine. Pour cela, la taxe sur les sociétés industrielles est passée de 35% à 21%, et les taxes sur les produits importés ont été augmentées pour que l’américain moyen consomme des biens américains (au détriment des produits français comme le Champagne, remplacé par du vin mousseux de Californie par exemple).
Les répercussions sont très intéressantes :
- Le taux de chômage est au plus bas depuis plus de 50 ans (3.6%)
- La croissance a battu des records (3.2% sur le 1er trimestre 2019 et 10 ans de croissance ininterrompue)
- Le DOW JONES, équivalent de notre CAC 40, a augmenté de 31% entre le début et la fin du mandat de Donald Trump
Seulement, derrière ces indicateurs se cachent d’autres répercussions :
- Le déficit creusé par la baisse des impôts sur l’industrie se chiffre à 1500 milliards $ sur 10 ans, portant la dette fédérale du pays à 22 000 milliards $, dépassant pour la première fois les 100% du PIB.
- La taxe sur les produits importés a causé une baisse du pouvoir d’achat d’environ 831$ par an par ménage, et les entreprises se plaignent de la hausse du prix des matières importées, Walmart et Lévi-Strauss en tête.
On le voit ainsi, une politique de réindustrialisation doit en parallèle rendre compétitifs les produits en l’accompagnant souvent d’une politique protectionniste, au prix d’un endettement national ou de relations tendues avec les pays anciennement fournisseurs.
Poussé par divers facteurs, ce type de politique, bien que fortement poussé aux Etats unis, est désormais envisagé par l’ensemble des pays développés, notamment l'Europe et en particulier la France.
Les crises actuelles, un levier pour l'industrie du futur
En effet, de façon générale, les crises actuelles ont bouleversé le monde sur différents aspects économiques et sociaux. Ils ont notamment mis en valeur la fragilité de nos chaînes de valeurs et nos chaînes logistiques internationales. Le blocage du canal de Suez par le porte-conteneur Evergreen en est un exemple parlant : 12% du trafic maritime mondial fut contraint à l’arrêt. Cet événement entraîna des répercussions à grande échelle, des pénuries, des pertes de produits périssables et d’autres répercussions regrettables. La dépendance au canal de Suez est une illustration parlante et il convient de réfléchir à une solution raccourcissant les circuits de distribution.
De la même manière, la crise du COVID à drastiquement accéléré les changements sur les modes de consommations. Le e-commerce connaît un succès grandissant chaque année et la crise sanitaire a accéléré ce processus. La quasi-exclusivité des échanges a pendant un temps été assurée par ce canal de distribution. Bien que les canaux de distribution physique ont rouvert, les entreprises du retail continuent de parler d’omnicanalité avec notamment la part de ventes E-commerce qui continue de croître. Cette modification du mode de consommation implique des évolutions sur les circuits de distribution et de production associés. Cela requiert une forte maîtrise de sa production, maîtrise qui ne peut être assurée que grâce à l’industrie 4.0 . Aujourd’hui, les clients finaux souhaitent obtenir des produits dans un délai toujours plus court tout en ayant un intérêt grandissant pour la qualité et la technicité des produits. Ces deux enjeux majeurs du commerce de demain ne peuvent être adressés avec des processus industriels vieillissants dans des usines reculées. Il est primordial de réduire le circuit entre la production et le client final et d'améliorer les process de production. Pour cela, l’industrie 4.0 au service de la réindustrialisation française et plus généralement européenne, regroupe tous les pré-requis sur le sujet.
En effet, bien que la France ait raté le virage de l’industrie 3.0, et conserve une image vieillissante de l’industrie, il subsiste une véritable culture d’excellence technologique, à tous les échelons de la gouvernance et dans de nombreux secteurs. Que ce soit la robotisation, les batteries, l’espace, ou encore les microprocesseurs, de nombreuses grandes entreprises et PMEs françaises ou européennes forment un réseau dense et solide pour servir de socle à cette réindustrialisation.
Une réindustrialisation réfléchie
Il est donc clair que la réindustrialisation présente de nombreux aspects stratégiquement intéressants pour une entreprise, tant au niveau économique que médiatique et s’inscrit dans les politiques gouvernementales actuelles. Il faut néanmoins nuancer ce point. En effet, la réindustrialisation doit être réfléchie et accompagnée pour pallier aux potentielles dérives et problématiques induites par la relocalisation notamment :
En cas de relocalisation, même si les aides gouvernementales sont attrayantes, il faut se souvenir que le coût humain fut le facteur économique déclencheur de la délocalisation. L’autre raison majeure résidait dans les normes exigées en France. De nombreuses entreprises ont déplacé leurs industries vers des pays plus laxistes en termes de réglementation et doivent donc revoir leur processus avant d’envisager toute relocalisation. Ces différentes contraintes sont tout autant de leviers pertinents pour une réindustrialisation réfléchie, basée sur les opportunités offertes par l’industrie 4.0.
L’industrie 4.0, à l’instar de l’industrie 3.0 promeut une amélioration de la chaîne logistique, une robotisation mais en y ajoutant des suivis numériques,de façon à optimiser la maintenance et la production. De plus, avec l'avènement du big data, l’industrie 4.0 permet des analyses de données croisées pour faciliter l’amélioration continue et l’optimisation des coûts. L’ère du numérique et les multiples connexions permettent d'intégrer l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur du fournisseur au client final.
Ainsi, en plus d’être réfléchie, la réindustrialisation doit être raisonnée, comme évoqué plus tôt, de forts enjeux en termes d’optimisation sont mis en avant par ce sujet. Et chacun des moyens d’optimisation à disposition d’une entreprise nécessite de forts investissements. A l’ère de la course à la technologie, il est pertinent de garder en tête un esprit de frugalité et ne pas perdre de vue les réels enjeux de la réindustrialisation et de l’industrie 4.0, à savoir : dynamiser une zone en diversifiant l’offre technologique et en améliorant les performances de nos industries.
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